Ce dimanche 14 mai, le palmarès est tombé. Un peu sur la tête de Pablo aussi le héros équatorien de notre premier roman « L’iguane qui adorait croquer les carrés de chocolat ». Car il était question de lui dans cette nouvelle intitulée :

« Une autre journée particulière de Pablo ».

C’est une journée toujours à La Rochelle où notre héros équatorien rencontre à chaque heure alignée un oiseau.
L’oiseau lui parle et Pablo le comprend.
C’est une journée un peu triste car Amor son amour Iguane est malade et a du rester chez le véto.

Pablo rencontre en ce 22 avril 2023 seize oiseaux en tout.

Voici sa rencontre à 10h21 avec la Huppe fasciée

« Popopopop popopop…Popopopop popopop…Popopopop popopop…»
Tiens, voilà l’ambulance dans l’urgence du printemps.
« Upupa epops » elle semble crier son nom cette « Popa » comme l’appelle les portugais.
Cela ne fait pas longtemps qu’elle est arrivée. Qu’elle est revenue et à chaque fois c’est plutôt Pablo qui n’en revient pas. Vite sortir du garage car elle est juste là sur l’antenne du toit. Et puis quand elle partira il ira se faire des pop corns pour continuer à déguster ce moment là. « Popopopop » au bruit des explosions des grains de maïs peut-être qu’elle reviendra ?
Mais pour l’instant elle est encore là, mon dieu comme elle est belle et rayonne au soleil.
Cela fait un an qu’ils ne s’étaient pas vu. Car Madame la Huppe, c’est en Afrique qu’elle hiverne. Le soleil en berne, ce n’est jamais pour elle.
Mon dieu comme elle est belle avec son cou qui n’en finit pas, son œil coquin, son long bec tout en délicate courbe. Sa silhouette est gracile sous sa chair brune comme la terre, ornée d’une robe à rayures noires. Une robe de soie qui lui colle à la peau révélant ses hanches ailées. En vol ses ailes courtes forment un arrondi. Comme un oiseau de paradis, comme un grand colibri.
Et sur la tête sa huppe érectile est son chef d’œuvre de couvre-chef en plumes.
Comme une couronne de diadème qui fait d’elle une reine.
Pablo est amoureux.
Sa huppe fasciée le fascine.

« Popopopop popopop…Popopopop popopop…Popopopop popopop…»
On dit toujours Madame la Huppe comme on peut dire Monsieur le Merle, ou bien Madame la grenouille ou Monsieur du Crapaud. Le genre des noms d’animaux est aléatoire. Tantôt mâle tantôt femelle. Pour la Huppe ce serait donc Madame mais c’est un Monsieur qui chante sur l’antenne ce matin. Rien pourtant ne les distingue si ce n’est leur taille. C’est bien le chant d’un beau mâle qui raisonne ce matin dans les ondes de lumière du ciel. Une onde d’appel, une onde d’un mâle qui cherche femelle. Une onde d’espoir. Une onde de détresse aussi.
La détresse, la famille des Upupidés en connaît un rayon. Un rayon de Huppes fort peu achalandé. Car ce n’est qu’une toute petite famille comprenant qu’un genre unique, le genre Upupa. Et sur les quatre espèces connues, l’une est déjà éteinte.

« Popopopop popopop…Popopopop popopop…Popopopop popopop…»
« Hop hop hop hop aimes-tu la Pop ou la Polka du roi viens la danser avec moi hop hop hop hop ! » Viens avec moi et je te suivrai dans tous tes jardins pourvu que tu y laisses des coins de nature sans y vouloir aménager ces pelouses de golf ou pire, synthétiques. Avec mon long bec, je me nourris d’insectes moi mon amour. Laisse les vivre autour de toi je t’en supplie. »
Là, Pablo se dit qu’il était vraiment perdu.

Mais pourquoi ne pas se perdre avec une reine huppée.
Se perdre et en faire le moins possible, l’urgence des temps semblait de ne plus rien faire.
Le confinement et tous ses bienfaits pour la planète avait été une pause inspirante et respiratoire. Lui, ne l’avait pas déjà oublié. Il avait gardé conscience de tout cela.
Il n’avait pas remis la tête sur le guidon et encore moins celui d’un vélo électrique.

Se perdre et en faire le moins possible
Conserver précieusement les vertus du rien plutôt que du tout.
Avec l’Amour pour seule armure, pour seule parure.
Avec juste la mission de laisser en paix la nature.
De lui laisser de la place partout autour de soi.
D’abandonner aux autres ses droits de polluer. Ses droits de consommer.
Sans attendre la moindre contribution en retour contrairement aux pays en voie de développement. Ne développer que son être plutôt que ses avoirs.
Se perdre pour se retrouver.

Que du bonheur que d’être reconnu pour la deuxième fois consécutive par le jury de TERRE & LETTRES auquel on adresse un chaleureux remerciement pour tout ce travail bénévole au service du livre et de la nature.

Merci de nous avoir également offert un livre de l’ensemble des textes et BD des deux dernières éditions 2021/2022 de ce beau jeu d’écriture.

Et merci pour la Huppe aussi

Popopop !